Les bleuets sauvages, qui sont dans les faits des airelles fausses myrtilles, sont indigènes de l’Amérique du Nord; on note dans les écrits de Samuel de Champlain que les « indiens » lui ont appris à reconnaître et à cueillir les fruits. Les mots suivants sont tirés des écrits du fondateur de la ville de Québec : « (…) je vous assure qu'il se trouve le long des rivières si grande quantité de bleuets qui sont des petits fruits fort bons à manger et force framboises et autres petits fruits, et en telle quantité que c'est merveille. »

Les autochtones ajoutaient des bleuets dans le pemmican, espèce de pain ou pâté composé de viande séchée réduite en poudre, de gras et de moelle d’animaux et de baies. Ils y mettaient sinon des baies de canneberges, d’amélanchier ou d’aronia, toutes bien d’ici et que l’on retrouve à l’état sauvage.

La région du Saguenay-Lac-Saint-Jean (SLSJ) est reconnue comme un coin de paradis pour la production de ce fruit, à cause d’un grand feu qui y a fait rage à la fin du siècle dernier, détruisant une énorme partie de la région. Ce feu a permis à la plante qui produit le bleuet, le vaccinium myrtilloides, de proliférer dans des conditions qu’elle adore, c’est à dire arides et sèches, peu attrayantes pour d’autres plantes.

Depuis les années 1960, on trouve des bleuetières aménagées au SLSJ. Depuis 2006, il y a eu un boom de production avec 60 % d’augmentation des superficies au Québec. La récolte québécoise de bleuets sauvages a été de 125 millions de livres en 2016, dont 82 % provient de la région du SLSJ qui est au premier rang des régions productrices de bleuets sauvages en Amérique du Nord avec plus de 25 % des récoltes totales. Seulement 1 % de la récolte est vendue fraiche car la période de récolte est très courte dans l’année, soit de la mi-août à la mi-septembre. Les producteurs congèlent la majeure partie de leur production, 24 heures maximum après la cueillette, selon le système IQF (Individually Quick Frozen), pour être capable de l’exporter. Une fois congelés, les fruits sont classés selon leur taille, puis préparés selon la demande des clients en fonction de la grosseur désirée. Dans les faits, 75 % de la production est exportée dans plus de 30 pays dont les États-Unis, qui prennent 50 % des exportations, puis l’Europe et l’Asie pour le reste. 

On l’appelle le bleuet sauvage car il n’est jamais planté. Il existe au sol, ses racines sont présentes dans la terre, une coupe forestière se fait puis le plant émerge par lui-même. Le bleuet sauvage est d’excellente qualité, il est bon au gout, sa taille est parfaite, de plus les industriels n’ont pas besoin de le travailler car il est exempt de tout déchet et prêt à l’utilisation. Finalement, il est plus sucré que le bleuet en corymbe. 

Contrairement à ce que l’on peut penser, on en retrouve à longueur d’année au Québec, il est commercialisé sous le nom des entreprises privées qui l’achètent. Sachez que Colabor, GFS et Hector Larivée sont des fournisseurs de bleuets sauvages. Sachez aussi que des bleuets déshydratés se font pour les boulangers ou pâtissiers qui les utilisent en scones ou autres desserts variés.

Les chefs adorent les bleuets sauvages ou en corymbe et aiment en incorporer dans leurs recettes. Ils le cuisinent en salade, en sauce, en farce, en sorbet, en gâteau, sinon l’apprêtent séché, le présentent avec du chocolat ou simplement nature, à savourer de préférence avec les doigts…

Voilà un fruit incontournable, qui rend heureux selon une étude car il est riche en flavonoïdes, qui auraient pour effet de stimuler les fonctions cérébrales. Le bleuet sauvage contient 50 % plus d’antioxydants que celui en corymbe, mais les 2 variétés sont tellement bonnes qu’elles sont à mettre au menu aussi souvent que l’envie s’en fait sentir!